Solution au problème de septembre 2009
Le problème: |
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MP89
Problème d'octobre 2009
Un tournoi à élimination directe est une compétition en plusieurs tours. À
chaque tour les compétiteurs sont appariés, le vainqueur de chaque partie
passe au tour suivant et le perdant est éliminé. Une "exemption'' doit
parfois être accordée à un joueur qui n'a pas d'adversaire désigné à un
tour donné, et passe donc directement au tour suivant. Par exemple, avec 6
compétiteurs, on peut accorder deux exemptions au premier tour, ou bien
une seule exemption au deuxième tour. Notre problème du mois porte sur le
nombre minimal d'exemption qui doivent être accordées dans un tournoi à
élimination directe à n compétiteurs.
- 2010 compétiteurs étaient inscrits au tournoi international de "Je te
tiens, tu me tiens par la barbichette'', à élimination directe. Quel est
le nombre minimal d'exemptions qui auraient dû être accordées?
- À cause d'un scandale de dopage, seulement 1025 des compétiteurs ont pu
participer. Combien d'exemptions ont dû être accordées?
Nous avons reçu des solutions correctes de
Claudio Baiocchi
(Italie) |
Omran Kouba (Syrie) |
Halima Abdalla Bashier (Regina) |
Tannie Lau |
Bojan Basic (Serbie) |
Matthew Lim (États Unis) |
José Borges (Portugal) |
Jeff Lindstrom (Ontario) |
Lou Cairoli (États Unis) |
John T. Robinson (États Unis) |
Dan Dima (Roumanie) |
Uwe Schaefer (Allemagne) |
Sébastien Dumortier (France) |
Nutheti Shivdeep (Inde) |
Magnus Jakobsson (Suède) |
Albert Stadler (Suisse) |
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La solution:
Il paraît évident qu'on minimise le nombre d'exemptions en
appariant le plus possible les compétiteurs à chaque
tour, accordant donc une seule exemption lorsque le nombre de compétiteurs
restant est impair, et aucune lorsque ce nombre est pair. Ce fait reste
à démontrer, ce que nous ferons plus bas. Pour l'instant,
notons que si le tournoi
se déroule selon cette règle, alors le nombre ck de
compétiteurs restant au k-ième tour suit la
règle
ck+1= [ck + 1],
où [x] dénote le plus petit entier inférieur ou égal
à x. Avec au départ
2010 compétiteurs, la suite des ck serait donc
2010, 1005, 503, 252, 126, 63, 32, 16, 8, 4, 2.
Nous avons souligné
les termes impairs de la suite, correspondant aux tours où une
exemption est nécessaire. On peut donc s'en tirer avec 3
exemptions. Avec 1025 compétiteurs, la suite correspondante est
1025, 513, 257, 129, 65, 33, 17, 9, 5, 3, 2,
donnant 10 exemptions nécessaires.
En fait, plusieurs de nos correspondants ont noté
que
Le nombre d'exemptions nécessaires
dans un tournoi à n compétiteurs est égal au
nombre de fois où le chiffre 1 apparaît dans l'expression
binaire de 2h - n, où 2h est la plus petite puissance de 2 supérieure ou égale à n.
Pour le voir, on peut
supposer que les compétiteurs sont alignés, et
appariés de gauche à droite: Le premier contre le
deuxième, le troisième contre le quatrième, ... Le
dernier bénéficie d'une exemption si le nombre de
compétiteurs est impair. Après
chaque tour, les perdants quittent la file et le processus se
répète. L'idée de Dumortier et de Kouba est
d'ajouter au départ 2h - n compétiteurs imaginaires à la droite des
compétiteurs réels. Une exemption correspond alors
à un match entre un compétiteur réel et un
compétiteur imaginaire, dont le vainqueur est bien sûr le
compétiteur réel. Un match entre compétiteurs
imaginaires donne un vainqueur imaginaire (dont on se moque
éperdument) et match entre compétiteurs réels
donne un vainqueur réels (qu'on félicite chaleureusement).
De cette façon, le nombre total de compétiteurs au k-ième
tour est 2h-k+1,
une puissance de 2, et le
nombre ik de
compétiteurs restant au k-ième tour suit la règle
ik+1= [ik].
Ainsi, ik est pair lorsque le k-ième chiffre de
l'expression binaire de 2h - n est 0, et impair lorsque le k-ième chiffre de
l'expression binaire de 2h - n est 1. Or, puisque ck + ik = 2h-k+1, ck et ik ont la même parité.
Il nous reste à démontrer l'assertion de départ,
selon laquelle le nombre d'exemptions est minimisé lorsqu'on
accorde au plus une exemption à chaque tour. Pour se faire, nous
allons appliquer l'idée des compétiteurs imaginaires
à tout déroulement possible du tournoi: Le dernier tour
est la confrontation des deux derniers compétiteurs réels
en lice, pour déterminer le vainqueur du tournoi. On ajoute des
compétiteurs imaginaires aux tours précédents
selon les règles suivantes:
- Une exemption au k-ième tour correspond à
un match entre un compétiteur réel et un
compétiteur imaginaire, dont le vainqueur est le
compétiteur réel.
- Un compétiteur imaginaire en lice à la
fin du k-ième tour est le vainqueur
d'un match de k-ième tour entre deux
compétiteurs imaginaires
- Un compétiteur réel toujours en lice
à la fin du k-ième tour, et qui n'a pas bénéficié
d'exemption au k-ième tour est le vainqueur
d'un match de k-ième tour entre deux
compétiteurs réels.
Ainsi, le nombre de compétiteurs réels et imaginaires au
début du tournoi est une puissance de 2, soit n compétiteurs réels
et 2h - n compétiteurs imaginaires. Une exemption au k-i ème
tour correspond à l'élimination d'un compétiteur
imaginaire qui était l'unique survivant d'un groupe de 2k compétiteurs
imaginaires qui se sont mutuellement éliminés.
Puisqu'il y a au départ 2h - n compétiteurs imaginaires, un tournoi à m exemptions correspond donc a
l'expression de 2h - n comme
somme de m puissances de
deux. Puisque 2k + 2k = 2k+1, ce nombre est
minimal lorsque chaque puissance de deux apparaît au plus une
fois. Ainsi, le nombre d'exemptions est minimisé lorsqu'on
accorde au plus une exemption à chaque tour.
Commentaires. Il
semble que dans la vie réelle, les tournois sont
organisés de façon à avoir toutes les exemptions
au premier tour, ce qui donne 2h - n exemptions plutôt que le minimum possible. Il ne
semble pas y avoir d'avantage pratique à minimiser le nombre
d'exemptions.
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