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Solution au problème de mai 2009

Le problème:
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MP87 mai 2009

Il y a quelque chose qui cloche dans l'ordre habituel des entiers qu'on nous apprend dès l'enfance. En effet, lorsqu'on compte 1, 2, 3, ..., on note que la somme1+2+...+ndes n premiers entiers positifs n'est pas toujours un multiple de n. Lorsque n est impair ça va, mais par contre 1 + 2 n'est pas un multiple de 2, 1 + 2 + 3 + 4 n'est pas un multiple de 4, et ainsi de suite. Aussi, notre problème de ce mois est de trouver une meilleure façon d'ordonner les entiers positifs:
Trouver une suite a1, a2, a3, ... d'entiers positifs telle que
            (i) tout entier positif apparait une et une seule fois dans la suite, et
            (ii) pour tout n, a1 + a2 + ... + an est un multiple de an

Nous avons reçu des solutions correctes de

Philippe Fondanaiche (France)

John T. Robinson (États-Unis)

Patrick J. LoPresti (États-Unis)

Albert Stadler (Suisse)


La solution:

Notre solution combine des idées de tous nos correspondants. Nous ne pouvons commencer avec a1 = 1, parce qu'il n'y aurait alors aucune façon de choisir a2 en respectant la condition (ii). Posons plutôt a1 = 2, et utilisons la stratégie suivante:

Stratégie 1: Si a1, a2, ..., an sont déjà choisis, posons sn = a1 + a2 + ... + an, et choisissons pour an+1 le plus petit diviseur de sn qui n'est pas encore choisi.

n:
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
an:
2
1
3
6
4
8
12
9
5
10
15
25
20
24
16
sn:
2
3
6
12
16
24
36
45
50
60
75
100
120
144
160

Les premières valeurs de an sont données dans la table ci-haut. Pour n > 1 nous avons sn > a1, a2, ..., an, donc il existe toujours un choix possible pour an+1, soit sn (au pire). Clairement, une suite construite de telle manière respecte la condition (ii), mais la condition (i) pose problème. Nos correspondants ont repéré cette suite dans l'Encyclopédie en ligne des suites de nombres entiers http://www.research.att.com/~njas/sequences/index.html?language=french, où il est conjecturé que cette suite contient tous les nombres entiers. A moins de démontrer la conjecture, il est donc impossible de poursuivre indéfiniment avec la Stratégie 1.

Stratégie 2: Si a1, a2, ..., an sont déjà choisis, et l'entier N tarde à paraître, au point d'en inquiéter certains. Alors nous nous assurons d'abord d'avoir une somme sn qui n'est pas une puissance de 2, quitte à utiliser la Stratégie 1 pour une étape supplémentaire si besoin est. Ensuite, nous commençons à donner aux nouveaux termes la forme ak+1 = sk  jusqu'à ce qu'il soit possible d'atteindre un multiple de N en ajoutant des puissances de 2.

La première étape est donc de s'occuper de la situation particulière où sn = 2k. Notons qu'alors, il doit exister une puissance de 2 inférieure à 2k qui n'est pas utilisée, car autrement nous aurions

sn - 1 = 1 + 2 + ... + 2k-1 < a1 + ... + an = sn,

qui impliquerait n = k+1 et un deuxième terme égal à 1, contradiction. Par conséquent, la Stratégie 1 donne un nouveau terme 2i tel que i < k, et la somme suivante 2k + 2i n'est pas une puissance de 2.

Nous pouvons donc supposer que sn n'est pas une puissance de 2, et nous nous appliquons à étendre la suite pour pouvoir y insérer N. Nous posons an+1 = sn donc sn+1 = 2sn, puis an+2 = 2sn et sn+2 = 4sn, et nous continuons à donner aux nouveaux termes la forme an+j = 2j-1sn pour obtenir to sn+j = 2jsn, jusqu'à ce que 2j soit assez grand. Pour clarifier le sens que nous donnons à ``assez grand'', nous examinerons la suite des puissances de 2 modulo N.

Pour tout entier i, notons bi le reste de la division de 2i par N. Puisqu'il n'existe qu'un nombre fini de restes possibles, il existe deux entiers i, k tels que bi+k = bi. Nous avons bi+k+1 = bi+1, bi+k+2 = bi+2, et la suite continue indéfiniment à faire le tour des termes bi, bi+1, ...,bi+k-1. Nous avons alors bi + bi+1 + ... + bi+k-1 0 (mod N), puisqu'avec t = bi + bi+1 + ... + bi+k-1, nous obtenons

 2t = 2bi + 2bi+1 + ... + 2bi+k-1 bi+1 + bi+2 + ... + bi t (mod N)
donc t 0 (mod N).

Par ailleurs, sn peut être représenté comme somme de puissances distinctes de 2, donc pour tout j > i,  2jsn est congru modulo N à une somme de termes parmi bi, bi+1, ...,bi+k-1.  L'identité  2bmbm+1 (mod N) permet de simplifier la somme jusqu'à l'obtention d'une somme de termes distincts parmi bi, bi+1, ...,bi+k-1 qui est congrue modulo N à 2jsn. Notons bm(1), ..., bm(r) les termes parmi bi, bi+1, ...,bi+k-1 qui ne sont pas utilisés dans cette somme. Si j est assez grand, nous pouvons choisir une suite décroissante 2j > 2e(1) > ... > 2e(r) telle que 2e(p) bm(p) (mod N), et 2e(1), ..., 2e(r) n'apparaissent pas dans la suite a1, a2, ..., an. Puisque sn n'est pas une puissance de 2, 2e(1), ..., 2e(r) ne font pas partie des termes suivants an+1 = sn, ..., an+j = 2j-1sn.   Donc nous pouvons poser an+j+1 = 2e(1) , sn+j+1 = 2e(2)q1, an+j+2 = 2e(2) , sn+j+1 = 2e(3)q2, ..., jusqu'à an+j+r = 2e(r). Nous avons alors
sn+j+r = 2jsn + 2e(1)  + ... +  2e(r) ≡ 0 (mod N).
Nous pouvons donc choisir an+j+r+1 = N.


 

 


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