Solution au problème de Décembre 2008
Le problème: |
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Un point est situé dans un triangle
équilatéral, de telle sorte que les
distances du point aux trois sommets du triangle sont de 5, 12 et 13
unités respectivement. Quelle est l'aire du triangle
équilatéral?
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La solution:
Nous avons reçu des solutions correctes de
Bernard Collignon (France) |
Shpetim Rexhepi (Macédoine) |
Ivan Hoffmann de Visme (Royaume Uni) |
John T. Robinson (États-Unis) |
Philippe Fondanaiche (France) |
K. Sengupta (Inde) |
Patrick J. LoPresti (États-Unis) |
Albert Stadler (Suisse) |
Catherine Nadault (France) |
A. Teitelman (Israël) |
Lou Cairoli (États-Unis) |
Mark Pilloff (États-Unis) |
Daniel Y. Lu (?) |
Daniel Nix (Australie) |
Luigi Bernardini (Italie) |
Jose Arraiz (Brésil) |
Bojan Basic (Serbie) |
Matthew Lim
(États-Unis) |
Gerard Billion (France) |
John Dukellis (Boeing =
États-Unis?) |
Baptiste Gorin (France) |
Bernard Carpentier (France) |
En plus, Farid Alberto Lian Martínez
(Colombie) et Jason Ganley
nous ont fait parvenir des solutions numériques. Les
solutions complètes utilisaient quatre méthodes
différentes. Nous donnons ici les solutions de Fondanaiche,
Collignon et Nadault et la solution de Stadler.
Solution.
1 Solution de Fondanaiche.
LoPresti, Rexhepi,
Robinson, and Sengupta nous ont fait parvenir des solutions similaires.
"Soit
ABC le triangle équilatéral de côté a
à l'intérieur duquel un point P
est situé à des distances 5, 12 et 13 des sommets A, B et
C. On
constate que les trois entiers 5, 12 et 13 constituent un triplet
pythagoricien tel que 52 + 122 = 132.
Nous
allons donner une solution valable pour tout point P situé
respectivement à des distances entières p,q et r des
trois sommets A, B
et C telles que p2 + q2 = r2.
FIGURE 1
On
trace le triangle équilatéral APQ de côté p
tel que AP = AQ = p avec Q
et P situés de part et d'autre du côté AB. Les deux
triangles ACP et ABQ sont égaux car ils ont le même
angle au sommet A (CAP = BAQ = 60° - BAP) compris entre les
côtés AC et
AP d'une part et les côtés AB et AQ d'autre part qui sont
égaux deux à
deux. Il en résulte que BQ = r. Comme BP = q et que p2 + q2 = r2 (par hypothèse), le triangle BPQ est rectangle avec P sommet de
l'angle
droit.
Soit H la
projection de A sur la droite BP. L'angle APH est égal à
180° - 90° -
60° = 30° et le triangle rectangl.e APH est un
demi-triangle équilatéral.
Le côté AH vaut p/2 et le côté PH vaut p×racine(3)/2. On
en déduit que AB2 = a2 = AH2 +
BH2 = p2/4 + (q + p×racine(3)/2)2 = p2 + q2 + p×q×racine(3) = r2 + p×q×racine(3). Soit S la surface du triangle
équilatéral ABC. On a S = a2×racine(3)/4.
D'où S = (r2×racine(3) + 3×p×q)/4.
Application numérique: p = 5, q = 12 et r = 13. S = (169×racine(3) +
180)/4 = 118,179146..."
2 Solution de Collignon.
FIGURE 2
"On notera (ABC) l’aire d’un triangle.
On considère les triangles suivants :
APC est l’image de AMB par la rotation
directe de centre A et d’angle 60°.
BRA est l’image de BMC par la rotation directe de centre B et d’angle
60°.
CQB est l’image de CMA par la rotation directe de centre C et d’angle
60°.
L’hexagone ARBQCP a une aire double de
l’aire (ABC) celle du triangle équilatéral ABC.
(ARBQCP) = (APM) + (CQM) + (BRM) + (PMC) + (QMB) + (AMR) .
Les triangles APM, CQM et BRM sont équilatéraux et l’aire
d’un triangle équilatéral de côté a est : a2×racine(3)/4.
D’où : (APM) + (CQM) + (BRM) = 52×racine(3)/4 + 122×racine(3)/4
+ 132×racine(3)/4 = (169/2)×racine(3).
Les triangles PMC, QMB et AMR sont trois
triangles isométriques rectangles car on a : 132 = 122 + 52.
( D’où le résultat d’après la réciproque de
la propriété de Pythagore. )
D’où : (PMC) + (QMB) + (AMR) = 3 × (5 × 12)/2 = 3
× 30 = 90.
D’où : (ABC) = 1/2 × ( 90 + (169/2)×racine(3)), soit
: (ABC) = 45 +169×racine(3)/4."
3 Solution de Nadauld.
FIGURE 3
"Désignons
par A', B' et C' les symétriques du point donné par
rapport aux côtés BC, CA et AB du triangle.
L'hexagone
AC'BA'CB' a évidemment une aire double de celle du triangle ABC
et chacun des triangles AB'C', BA'C', CA'B' est isocèle, avec un
angle au sommet de 120° (doubles des angles initiaux). Donc les
aires de ces triangles sont égales à celles de
triangles équilatéraux ayant même
côté,
c'est-à-dire : rac(3)/4 multiplié par 5×5, 12×12 et
13×13.
D'autre
part le triangle A'B'C' est un triangle rectangle de côtés
[5×rac(3), 12×rac(3),
13×rac(3)]
et
donc d'aire égale à 90 .
Finalement
le triangle ABC a pour aire :
[90 + (25 + 144
+
169)×rac(3)/4]/2
= [90 + (338*rac(3)/4)]/2."
4 Solution de Stadler. De Visme et Teitelman nous ont
fait parvenir des solutions similaires.
Soit α, β, γ, les
trois angles à P; plus précisément, soit α = BPC, β = ∠CPA, γ = ∠APB. Soit s, le côté du triangle. Alors selon la loi du cosinus:
,
et
(*)
Puisque α + β + γ = 2, nous avon; par conséquent , et finalement,
En insérant les valeurs de (*) dans cette équation,
nous obtenons une équation
de degré six pour le côté s, soit
s2(s4 - 338 s2 + 17761) = 0.
Cette équation a pour solutions s2 =0, et s2 = 169 ± 60√3. Il faut alors vérifier que
seule la solution s2 =
169 + 60√3 respecte la condition α + β + γ = 2. Avec cette valeur de s2,
on obtient une valeur de [ABC]
= 169(√3/4) + 45 pour l'aire du triangle.
Commentaires. Comme l'ont noté plusieurs
correspondants, le triangle 5-12-13 n'a rien de spécial. Les mêmes arguments
donneraient l'aire de tout triangle équilatéral en termes des distances a,
b, et c d'un point central P aux sommets, lorsque a2 + b2 = c2. La solution proposée par Robinson se passe de cette dernière condition. En fait, à partir de la solution de Nadault, il suffit d'utiliser la formule de
Heron pour trouver l'aire du triangle A'B'C':
[ABC] = ½ [AC'BA'CB']
= ½ ([AC'B'] + [BA'C'] + [CB'A'] + [A'B'C'])
En particulier, pour tout choix de P à l'intérieur d'un
triangle équilateral,
les distances a, b, c aux
sommets vérifient l'inégalité triangulaire, c'est-à-dire qu'ils correspondent aux côtés
d'un triangle. Cette observation remonte à Dimitrie Pompeïu
en 1936; plus précisément:
Pour
tout point P dans le plan de DABC,
les longueurs des segments PA, PB,
PC correspondent aux côtés d'un triangle sauf lorsque P est sur le cercle passant par A, B, et C, auquel cas les réflections de P sur
les côtés (A', B', C'), sont
colinéaires.
Sengupta nous a référé au site MathWorld
http://mathworld.wolfram.com/EquilateralTriangle.html
où on trouve une belle formule de Martin Gardner (Mathematical
Carnival: A New Round-Up of Tantalizers and Puzzles from Scientific
American, New York: Vintage
Books, 1977, pages 56-57 et 63) pour le côté s du
triangle équilatéral:
3(a4 + b4 + c4 + s4)=(a2 + b2 + c2 + s2 )2.
On la trouve en remplacant [ABC] par s2√3/4 dans l'équation
précédente,
puis en simplifiant. Richard Guy note (dans Unsolved
Problems in Number Theory, 2nd
ed. New York: Springer-Verlag, 1994; en particulier Section D19, page
183) qu'une recherche par ordinateur a démontré que a = 57, b = 65, c = 73, et s = 112 est le plus petit exemple où tous les paramètres sont entiers. Il existe une famille
infinie de solutions entières données
par
a = m2 + n2, b = m2 + mn + n2, c = m2 – mn + n2,
où m = 2(u2 + v2), n = u2 + 4uv + v2
donc
s = 8(u2 – v2)(u2 + uv + v2).
Merci à Matthieu Dufour qui nous a
fait découvrir ce problème qu'il a trouvé dans Charles
W. Trigg, Mathematical Quickies: 270 Stimulating Problems with
Solutions. Dover (1985); publication
originale en 1967. On le
retrouve également
deux fois chez Dr. Math:
http://mathforum.org/library/drmath/view/61863.html,
faisant référence
à un problème Mensa des environs de 2002, et l'item
55022 où il y a une discussion de 1998. C'est aussi le
problème 3682 de School Science and Mathematics des environs de 1975 (selon Stanley
Rabinowitz's Index to Math Problems 1975-1979, p. 135).
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