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Solution au problème de novembre 2006

Partant de deux réels positifs a0 et a1, on définit une suite infinie dont les termes satisfont

an+1 an-1 = an + 1.

Démontrez que an+ 5 = an pour tout n.

            Nous avons reçu des solutions correctes de

Saïd Amghibech (Québec)

 

Wolfgang Kais (Allemagne)

Mario Antunez (Honduras)

 

Normand LaLiberté (Ontario)

Ricardo Barroso Campos (Espagne)

 

Matthew Lim (États-Unis)

Pierre Bornsztein (France)

 

Juan Mir Pieras (Espage)

Bernard Carpentier (France)

 

Nikhil V. Nair (Inde)

K.A. Chandrashekara (India)

 

Wilfrid Pillard (France)

Stefaan De Winter (Belgique)

 

Mark Pilloff (États-Unis)

Sébastien Dumortier (France)

 

Manoranjan Sahu (Inde)

Philippe Fondanaiche (France)

 

Shiv Mohan Sharma (internet)

Baptiste Gorin (France)

 

A. Teitelmam (Israël)

Xavier Hecquet (France)

 

Zac Friggstad (Alberta)

              La plupart de nos correspondants se sont contentés d'une solution directe. Nous présentons cette solution, suivie d'une simplification suggerée par Saïd Amghibech. La suite elle-même est liée à quelques idées de Gauss; nous conclurons avec son approche au problème, incluant sa preuve par deus ex machina.

La solution directe. Puisque nous utilisons seulement six termes de la suite, remplacons an, ... , an+5 respectivement par u, v, w, x, y, z. Avec cette notation nous avons les quatre équations

(1) uw = v+1,     (2) vx = w+1,     (3) wy = x+1,     (4) xz = y+1,

et nous devons démontrer que z = u.

De (1) nous obtenons w=(v+1)/u.
Nous substituons cette valeur de w dans (2), et continuons de la même manière pour obtenir successivement

eqn2

eqn3

eqn4

Nous avons donc z = u, c'est à dire an+5 = an pour tout n, tel qu'annoncé. 

Notons que puisque tous les termes sont positifs, notre approche est bien valide puisqu'il n'y a aucune division par zéro. Mir note qu'il suffit en fait de stipuler que a0 + 1 ≠ 0 , a1 + 1 ≠ 0, et a0 + a1 + 1 ≠ 0.

Une simplification de Saïd Amghibech (un peu modifiée).
Avec la notation de la première solution, multiplions l'équation (4) par w pour obtenir

wxz =(4) wy + w =(3) x + 1 + w =(2) x + xv = x(1 + v) =(1) xuw

En simplifiant wx des deux côtés, nous obtenons z = u.
         On trouve une autre simplification en notant que la condition est symétrique en n+1 et n-1; la formule est la même pour n croissant que pour n décroissant, ce qui incite à commencer par le millieu. Posons an = w et an+1 = x.  Nous avons alors

equ5

dont on déduit (comme dans la première solution)

eqn6

Par conséquent an-2 = an+3 pour tout n, ce qui est une autre façon de dire que la suite est un 5-cycle.

La solution de Gauss.
Gauss n'a pas daigné nous envoyer sa solution. Nous l'avons plutôt obtenue de l'article "Frieze Patterns", Acta Arithmetica 26 (1971), pages 297-310 de H.S.M. Coxeter.
        Selon Coxeter, l'histoire commence en 1602, lorsque Nathaniel Torporley (1564-1632) commence à étudier les 5 "parties" a, A, b, B, c d'un triangle rectangle sphérique (avec l'angle C droit). Selon De Morgan, Torporley anticipa d'une douzaine d'années les règles de Napier qui figurent dans le pentagramma mirificum de Gauss.  Ces règles permettent de déduire beaucoup de trigonométrie sphérique sans trop d'effort.  Gauss se servit de l'identité

eqn7

pour démontrer que n'importe quelles trois des relations

eqn8

implique la quatrième et aussi eqn9

Le pentagramma mirificum est un pentagramme sphérique formé de cinq arcs de grand cercle successivement orthogonaux.

spherical pentagram

Le centre du pentagramme est un pentagone dont les sommets sont des pôles des cinq arcs, c'est donc un pentagone auto-polaire.  ce qui veut dire que si un des sommets du pentagone est placé au pôle nord, le côté opposé est à l'équateur. On peut développer toute la figure à partir du triangle ABC (au haut de la figure) en prolongeant les côtés et en tracant aussi les grand cercles polaires de A et B. Notons x' le complément de x:

x' = 1/2 π - x  ,

ainsi les côtés du pentagone auto-polaire sont

A, B, b', c, a'

et les autres arcs et angles sont tels qu'indiqués dans la figure. Toute équation connectant les cinq "parties" (ainsi modifiées) demeure valide lorsqu'elles sont permutées cycliquement. C'est là l'observation de Napier (sauf qu'il utilisait le cycle alterné a', B, c, A, b'). 

Gauss posa
                            alpha = tan2 A,                 alpha = tan2 B,           alpha = tan2 b',
                                           alpha = tan2 c,                     epsilon = tan2 a'
et se servit des relations classiques (telles que cos c = cot A cot B) pour obtenir
                              sec2 A = alphaalpha,                sec2 B = alphaepsilon,          sec2 b' = epsilonalpha,      
                                            sec2 c = alphaalpha,                 sec2 a' = alphaalpha .
         Notons que ces relations impliquent 1 +alpha = alphaalpha, et ainsi de suite. Coxeter donne d'autres explications et applications, en particulier à la trigonométrie du plan hyperbolique; mais nous terminons ici notre récit.

 

 

 


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