Solution au problème de mars 2007
Le problème: |
|
Démontrez qu'il existe une
infinité de nombres N tels que
(i)
N est divisible par la somme de ses chiffres, et
(ii)
aucun des chiffres de N est zéro.
|
Réponses correctes: |
|
Il s'agit du problème
3 de l'Olympiade Mathématique Canadienne de 1984. Nous avons
reçu des solutions correctes de
Mohamed Benchaib (Maroc) |
Matthew Lim (États-Unis) |
Gérard Billion (France) |
Jean-Luc Luyet (Suisse) |
Lou Cairoli (États-Unis) |
Mark Pilloff (États-Unis) |
Dan Dima (Roumanie) |
Joseph Najnudel (France) |
Philippe Fondanaiche (France) |
Ananda Raidu (Inde) |
Zac Friggstad (Edmonton) |
John T. Robinson (États-Unis) |
Xavier Hecquet (France) |
K. Sengupta (Inde) |
Wolfgang Kais (Allemagne) |
Heri Setiyawan (Indonésie) |
Normand LaLiberté (Ontario) |
|
|
La solution:
Les solutions soumises étaient basées sur les
règles de divisibilité par les puissances de 2, 3 et 5.
L'approche la plus commune, qui est aussi celle du solutionnaire
officiel de l'Olympiade Mathématique Canadienne, est de coller
côte à côte trois copies d'un nombre qui est un
multiple de la somme de ses chiffres. Nous reproduisons ici la solution
de Gérard Billion.
"Si on génère un nombre en
répètant trois fois la succession des chiffres d'un
nombre vérifiant ces deux conditions on obtient un nouveau
nombre vérifiant ces conditions, donc il existe une
infinité de tels nombres.
Soit
N un nombre de n chiffres vérifiant les deux conditions (soit S
la somme de ses chiffres), soit NN le nombre
généré à partir de N (SS la somme de ses
chiffres), nous avons :
NN = N ( 1 + 10n+ 102n ) et bien sûr SS
= 3S
3 divise
( 1 + 10n+ 102n )
et S divise N donc 3S divise N ( 1 + 10n + 102n ) donc SS divise NN.
(par
exemple 12 divisible par 3 donne 121212=10101*12 divisible par 9)''
Généralisation
de Matthew Lim.
L'argument ci-haut est valide dans toute base b supérieure
à 2, apres une légère modification: Plutôt
que d'utiliser 3 copies du nombre initial, on en utilise d, où d
est un facteur de b-1. Lim démontre que si S est la somme des
chiffres du nombre initial représenté en base b, alors la
juxtaposition de dk copies du nombre initial divise
s·dk, qui est la somme de ses chiffres. Il
démontre aussi que la base 2 est une exception: Un nombre
en base 2 qui ne contient pas le chiffre 0 est une chaîne de 1s,
qui vaut 2k – 1. La somme des chiffres binaires de 2k – 1 est k, mais avec un peu de théorie des nombres, on peut
démontrer que pour k > 1, k ne divise pas 2k – 1.
L'approche de Jean-Luc Luyet.
La solution de Luyet est
basée sur une astuce différente. Nous la reproduisons ici.
"L'algorithme est
fondé sur le fait que 10n = 2n 5n,
ce qui a pour conséquence immédiate que
Un nombre entier
est divisible par 2n si et seulement si ses n derniers
chiffres sont divisibles par 2n.
Mais la somme des chiffres d'un nombre composé de n chiffres ne
peut dépasser 9xn et comme on a pour tout n > 5 que 9 n
< 2n, on sait que la somme des chiffres d'un nombre
à n chiffres sera toujours inférieure à 2n (si n vaut au moins 6). Il suffit donc de trouver un multiple de 2n qui a n chiffres, et de lui rajouter des 1 devant, jusqu'à ce
que la somme des chiffres atteigne 2n pour obtenir un
nombre qui remplit la condition d'être divisible par la
somme de ses chiffres.
Ce qui suit est juste la preuve technique que c'est toujours
possible de construire un tel nombre qui ne contient pas de
zéro.
Une puissance de 2 ne se termine jamais par zéro (sinon elle
serait divisible par 10 et donc par 5, mais c'est impossible
puisque c'est une puissance de 2). En revanche, peut-être
que parmi les autres chiffres se trouvent des zéros.
Supposons qu'il y ait un zéro à la k-ième
place en partant de la fin du nombre, on considère alors 2n + (10k-1 2n) ce qui a pour effet de
remplacer ce zéro par le dernier chiffre de la puissance
de 2. On continue ainsi jusqu'à obtenir un nombre dont les
n derniers chiffres sont tous différents de zéro.
Ce nombre est un multiple de 2n, donc si on garde seulement
les n derniers chiffres, le nombre obtenu sera également
un multiple de 2n qui aura la propriété
de n'avoir aucun zéro. On fait la somme S de ses chiffres
et l'on rajoute (2n-S) chiffres 1 devant ce nombre.
Voilà.
Exemple avec n=9 et n=10.
n=9 : 29 = 512, le quatrième
chiffre depuis la fin est un zéro (en effet, 512 = 0512).
On rajoute donc 103 512, et on obtient 512512. Le
septième chiffre depuis la fin est un zéro, on continue
donc et on obtient 512512512. C'est un nombre à 9
chiffres, dont les 9 derniers chiffres sont différents de
zéro. La somme de ses chiffres fait 24, il faut donc
rajouter 512-24 = 488 chiffres 1 devant. On obtient finalement
111111111...1111512512512 dont la somme des chiffres est 512 et
qui est bien divisible par 512.
n=10 : 210= 1024, le troisième
chiffre est zéro, il faut donc ajouter 102400, on obtient
103424. Le cinquième chiffre est zéro, on fait donc
103424 + 10240000 = 10343424. L'étape suivante amène
à 1034343424 puis à 103434343424. Même si ce
nombre contient toujours un zéro, ce n'est pas grave parce
qu'on ne va garder que ces 10 derniers chiffres 3434343424, et on
sait que ce nombre est divisible par 1024. Il suffit de rajouter
990 chiffres 1 pour obtenir un nombre satisfaisant la condition.''
|