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Solution au problème
de février 2003
On a 3 = 1 + 2, 5 = 2 + 3, 6 = 1 + 2 + 3, 7 = 3 + 4,
mais ni 4 ni 8
ne peuvent s'écrire comme somme d'au moins deux entiers consécutifs.
Votre mission est de démontrer que ce motif se poursuit à l'infini:
- Démontrez qu'aucune puissance de 2 ne peut
s'écrire comme somme
d'au moins deux entiers consécutifs.
- Démontrez que tout entier qui n'est pas une
puissance de 2 peut
s'écrire comme somme d'au moins deux entiers consécutifs.
Solution au problème MP30
Ce mois-ci,
nous avons eu la réponse d'un comité formé de Francesco Barioli (de Regina),
Pierre Bornsztein (de France), Normand Laliberté
(d'Ontario), Juan Mir Pieras (d'Espagne),
Alexander Potapenko (de Russie), Jason Stein (de Regina), et Philippe Thenoz.
Bornsztein et Potapenko ont démontré un résultat plus
général sur le
nombre de solutions possibles. Les autres donnaient des arguments similaires
qui pourraient être généralisés de la même
façon.
Nous reproduisons ici la solution de Bornsztein.
Nous allons
prouver un résultat plus fort (voir théorème et corollaires ci-dessous).
Dans tout ce qui suit, les nombres considérés sont des entiers strictement
positifs.
Si n = a +
(a+1) + ... + (a+r-1) = r(2a+r-1)/2, où a > 0 est un entier,
on dira que n admet une décomposition d'ordre r. En
particulier, puisque n = n, tout entier admet une décomposition d'ordre 1. De
plus, si r est fixé, puisque la fonction a ->
r(2a+r-1)/2 est strictement croissante sur {1,2,3,...}, un entier n donné admet au plus une décomposition d'ordre r.
On note Ri(n) le nombre de décompositions de n d'ordres
impairs, Rp(n) le nombre de décompositions de n d'ordre
paires, et R(n) = Ri(n) + Rp(n).
Théorème: Si n > 0 alors :
- Ri(n) (resp. Rp(n) ) est égal au nombre de diviseurs
de n impairs et positifs t tels que t(t+1)/2 ≤ n (resp. t(t+1)/2 >
n)
- R(n) = d(m), où n = m2k , avec m impair
(et d(.) désigne le nombre de diviseurs
strictement positifs).
Preuve:
- Si n admet une décomposition d'ordre r impair,
alors il existe un unique a > 0 tel que n
= r(2a+r-1)/2, ainsi r est un diviseur positif impair de
n.
De plus, 2a+r-1 ≥ r+1, donc r(r+1)/2 ≤ n.
Réciproquement, si r est un
diviseur impair de n tel que r(r+1)/2 =< n.
On pose a = n/r - (r-1)/2. On vérifie facilement que a > 0
est entier et qu'il fournit une décomposition de n d'ordre
r, que l'on sait unique. Cela prouve l'affirmation sur Ri(n).
Si n admet une décomposition d'ordre r pair.
Alors, il existe un unique a > 0 tel que
n =r(2a+r-1)/2. On pose t = 2a+r-1. Alors t > 0 entier
impair et divise n.
De plus, t(t+1) = t(2a+r) > tr = 2n, d'où t(t+1)/2 > n.
Réciproquement, si t > 0
diviseur impair de n tel que t(t+1)/2 > n. On pose r = 2n/t et a
= (t+1-r)/2, et on vérifie facilement que r >
0 est pair, a > 0 et que n = r(2a+r-1)/2, c'est à dire n admet une décomposition d'ordre r que
l'on sait unique. Cela prouve le résultat sur Rp(n).
- Il est clair
qu'alors R(n) est la somme de tous les diviseurs impairs positifs de n, ce
qui conduit à la formule annoncée.
Corollaires:
- Si n est une puissance de 2 alors R(n) = 1, et la seule décomposition de n est celle
d'ordre 1 (d'où la réponse à la première des questions posées pour le problème de Février).
- Si n
est premier impair, alors R(n) = 2. Comme, d'autre part, on a n = 2k+1
= k +
(k+1), on en déduit que les seules décompositions de n sont celles
d'ordre 1 et d'ordre 2.
- Si n
= m2k,
avec k≥1 et m ≥ 3 impair, alors R(n) ≥ 2. Cela assure que n peut
s'écrire comme une somme d'au
moins deux entiers consécutifs, mais on a mieux :
Puisque n est impair, il ne peut admettre de décomposition d'ordre 2 (un
pair + un impair = un impair), et donc admet une décomposition d'ordre au moins
3.
- Si n
est
impair composé, alors R(n) ≥ 3, et
donc n admet une décomposition d'ordre au
moins 3.
- De
b), c)
et d), on déduit que tout entier qui
n'est pas une puissance de 2 s'écrit comme
une somme d'au moins deux entiers consécutifs
(d'où la réponse à la question
2).
- De a),b),c)
et d), on déduit que les entiers qui
ne peuvent pas s'écrire comme une somme d'au
moins trois entiers consécutifs sont les puissances
de 2 et les nombres premiers.
Remarques:
Si l'on veut
en savoir plus sur le sujet, on peut prouver que :
- (R(1) + R(2)
+ ... + R(n))/n = 0,5Ln(n)
+ (2C + Ln(2) -1)/2 + O(1/rac(n)) où C
est la constante d'Euler, rac désigne la racine carrée, et O est la notation "Grand
O" (big O).
- Si
R(n,s)
désigne le nombre de décompositions de n en une
somme de termes consécutifs d'une suite arithmétique de raison s, alors
:
R(n,s) = 2d(m) pour s impair et n = m2k
et m impair.
R(n,s) = d(n) pour s pair.
Ces résultats
sont (semble-t-il) dûs à Leveque (1950).
Références:
[1] |
W.J.Leveque, "On
representations as a sum of consecutive integers", Canadian
Journal of Math., 2 (1950), p.399-405. |
[2] |
P.Bornsztein,
Hypermath, Vuibert, exercice A-3. |
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